Peintures

En recherche permanente, Frédéric Voisin se confronte à la matière pour la faire peinture, et faire que la peinture provoque en nous cet effet magique de vibration, d’émotion, cette évocation d’un monde aussi étrange qu’intime, aussi mystérieux que familier.

Thierry Delcourt

 

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« Viens la voir, elle quitte l’atelier demain ! » Sans regret, presque soulagé, Frédéric Voisin laisse partir ‘Cosmos d’or’, une toile sublime et flamboyante. Elle sera accrochée dans un intérieur étranger pour y conter une autre histoire en y incrustant celle du peintre :
- Elle est superbe ta toile, mais qu’est-ce que ça veut dire ?
- Le mieux, c’est d’aller à l’Atelier. Frédéric te parlera de ses papiers, de ses pigments, des feuilles de cuivre, de ses vernis, de la magie improbable des réactions chimiques qu’il provoque, parfois à son insu. Il te parlera musique et si tu lui plais, il te demandera peut-être de choisir un titre pour la toile qu’il travaille… Un titre, un sujet, ce que tu veux, il n’est pas contrariant ! Si tu regardes sa peinture, il te laisse y accoler ton monde. Libre à toi de rêver.

"Croix 1", une autre toile peut enfin émerger. Elle n’est plus écrasée par la lumière inquiétante de ‘Cosmos d’or’. Granitique, austère, cette croix semble posée là pour l’éternité. Sa surface griffée inscrit pourtant la marque de l’homme et du temps.
Comment une facture aussi différente entre ces deux toiles peut susciter un émoi si proche ?
Il y va de la subjectivité de notre perception, bien sur, mais surtout de la richesse expressive que Frédéric Voisin met à l’œuvre sans relâche. La peinture est son sujet, sa passion, et il l’explore sans crainte de s’aventurer dans des voies insolites. Ce n’est pas sans danger !
Que de ruptures dans le parcours pictural de Frédéric Voisin, mais les révolutions n’empêchent pas notre œil de repérer une familiarité dans son œuvre. Le voisinage n’est pas de matière ou de thème. Il dit l’univers du peintre, celui qu’il nous fait partager. Certains passeront sans le voir, d’autres y retrouveront des vibrations essentielles, de celles qu’ils ne savent ou peuvent exprimer tant elles sont enfouies au plus profond de leur être. C’est le prix de la peinture !

2004-2005 : Les Noirs de Frédéric Voisin.
Encre de chine, pigments, poussières minérales viennent prendre forme sur une matière subjectile noble : papiers Japon, Tibet et Indien. L’effet magique est accentué par un vernis étrangement appliqué qui travaille le fond en opérant des catastrophes microcosmiques et dans le même temps lisse la surface, fixant le sujet du tableau dans une dimension énigmatique par le miroir sombre de sa laque.

2006 : Les Enchromes.
Le noir vit une mue douloureuse. ‘Nocturne’ : la noire cicatrice d’une nuit désastreuse et abyssale, enchâsse un sursaut de vie, brillance prisonnière mais pleine d’espérance. Et puis, c’est le ‘Cri’, rouge écorché, bouche hurlante derrière les barreaux. Enfin, c’est l’explosion de la couleur palpitante, au comble de la vibration : ‘Sous la cendre’, ‘Automne’, ‘Printemps’…

2007-2008-2009 : Rien n’est oublié.
Une fusion entre profondeur et éclatement permet ‘Cosmos d’or’, et puis Frédéric Voisin nous montre avec ‘Croix 1’ qu’il peut se passer de l’explosion des couleurs et nous émouvoir sans nous séduire ou nous bousculer.
Et après ! Le 1 de la série des ‘Croix’ laisse présager les surprises futures. Mais tout est là, déjà, pour dire que Frédéric Voisin nous transmet l’essentiel dans sa peinture.