Memento Mori

Memento Mori

Dans la série "Memento Mori", Frédéric Voisin a rassemblé une abondante documentation, qui lui a permis de s’imprégner des représentations classiques de ce sujet. Ses préférences l’ont guidé vers les peintres, sculpteurs et graveurs des XVème et XVIème siècles, hommes d’un Moyen Âge finissant qui ont parfaitement su saisir l’angoisse de leur salut à travers d’impressionnantes représentations macabres des mondes infernaux.

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Les figurations classiques de l’enfer, qui inspirent largement l’œuvre de Frédéric Voisin, ont ici été réinterprétées dans un registre personnel, pour en offrir une nouvelle vision, à la fois effrayante et poétique. L’expressionnisme de Frédéric Voisin, parfaitement servi par la technique de la linogravure, s’affirme dans cette série de gravures originales de manière remarquable.

Matthieu Gerbault, Conservateur à la bibliothèque Universitaire de Bordeaux

Légende des gravures

Memento Mori I :  41,6 x 48 cm, linogravure imprimée sur papier Canson édition 300gr. Mise en couleur à la main, encres. 2011
« Souviens-toi que tu vas mourir »... voilà ce que semble dire la mort à tous ces personnages grotesques qui s'agitent autour d'elle comme pour la narguer... Folie des hommes ou inconscience ? Violence et égarement règnent pour le moment jusqu'à ce que la mort vienne les faucher dans un combat dont elle sortira de toute façon victorieuse.

Memento Mori III : (d'après une gravure d'Edmé Moreau) 41,5 x 49,2 cm, linogravure imprimée sur papier Canson édition 300gr. Mise en couleur à la main, encres. 2011.
La scène se situe  dans un cimetière, devant un tombeau représentant au centre Adam et Ève, au sommet règne la mort qui brandit un cœur symbolisant la vie qui s'en va, deux anges comme résignés on cesser de jouer de leur instrument. La roue tourne et le sablier se vide, vanité de la vie.

Méditation sur la mort : 38 x 40 cm, linogravure imprimée sur papier Canson édition 300gr. Mise en couleur à la main, encres. 2011.
La mort médite sur le sort qu'elle réserve aux hommes un voile rouge ou bleu l'enveloppe, à l'horizon demeurent les tombes de défunts. La victoire dans une infinie tristesse. La mort serait-elle capable de sentiments ?

Omnia Vanitas : (d'après une peinture de Michael Pacher). 33,5 x 24,5 cm (diptyque), linogravure imprimée sur papier Canson édition 300gr. Mise en couleur à la main, encres. 2011.
« C'est par l'esprit que l'on vit, le reste appartient à la mort ».
Tout est vanité, allégorie de la connaissance représentée ici par le livre ouvert que tend à la mort cette créature du diable sortie des flammes de l'enfer.

Una Tantum certa : 25,5 x 45 cm, linogravure imprimée sur papier Canson édition 300gr. Mise en couleur à la main, encres. 2011.
« une seule certitude » La mort règne sans partage et notre seule certitude est de mourir un jour, comme le disaient aux empereurs Romains, les gladiateurs : « Hominem te esse » « Souviens-toi que tu n'es qu'un homme ». Dans cette gravure ou le temps qui passe est symbolisé par le sablier, volent quelques papillons, image de la légèreté de la vie éphémère et fragile.

Danse macabre : 26 x 43,5 cm, linogravure imprimée sur papier Canson édition 300gr. Mise en couleur à la main, encres. 2011.
« Cave ne cadas » « attention à ne pas tomber » La danse macabre est au moyen âge une manière de rire de la mort qui emporte les riches et les puissants comme les pauvres et les indigents. Voici donc ces morts qui sont biens vivants, qui sautillent et dansent pour oublier ce dont ils ont peur.

Danse avec la mort : 35 x 44,5 cm, linogravure imprimée sur papier Canson édition 300gr. Mise en couleur à la main, encres. 2011.
Voici un bien bel et bien étrange tango que mènent le diable déguisé en femme et l'Ankou*sur fond de tempête, ils dansent éternellement sur les crânes qui forment les galets sans cesse léchés par le flux et le reflux de la marée.
*l'Ankou dans la mythologie bretonne est l'ouvrier de la mort, celui qui emmène les corps dans une charrette, gare à celui ou celle qui le croise, car il partira dans l'année.

Les Enfers I : 42 x  49,5 cm, linogravure imprimée sur papier Canson édition 300gr. Mise en couleur à la main, encres. 2011.
« Lasciate ogni speranza voi ch'entrate » « Toi qui entre ici, rentres-y sans aucun espoir ». « La gueule d'Enfer » ou Léviathan symbolise l'entrée des enfers dont  ne ressortent jamais les damnés, pour eux aucun espoir de rédemption. En bas de la gravure est représenté un transi : dans l'art funéraire de la fin du Moyen Âge, le transi est une sculpture représentant le défunt. ... Contrairement au gisant représentant un personnage couché et endormi, dans une attitude béate ou souriante, le transi représente le défunt de façon réaliste, nu, voire en putréfaction.

Les Enfers II : 47,5 x 57 cm, linogravure imprimée sur papier Canson édition 300gr. Mise en couleur à la main, encres. 2011.
«  Ex aeternitate inferni igne devoraberis » « tu sera devoré éternellement par le feu des enfers ». Dans cette gravure, je me suis amusé à reprendre à mon compte certains personnages des peintres Flamands Pieter Brueghel et Jérôme Bosch. La fameuse gravure de Brueghel l'ancien représentant le poisson au premier plan «  les gros mangent les petits » peut symboliser un des péchés capitaux, la gourmandise. L'étrange personnage juché sur son trône au centre de l'image est une figure appartenant à la peinture de Bosch exposée au musée du Prado « le jardin des délices » elle dévore les hommes et les digère lentement. Les damnés arrivent au seuil des enfers ou ils seront accueilli très « chaudement ».

Concedo Nulli : 41,5x 49,2 cm, linogravure imprimée sur papier Canson édition 300gr. Mise en couleur à la main, encres. 2011
« Je ne cède en rien ». Le penseur humaniste de la renaissance, Érasme portait une bague sur laquelle était inscrite cette phrase, et c'est vrai qu'il n'a au cours de sa vie jamais cédé à ces préceptes humanistes. La mort elle-même ne cède jamais... On peut remarquer en haut au centre de l'image la représentation d'une centrale nucléaire, seul élément contemporain dans cette série, avertissement d'un danger à redouter...

Les Damnés : (d'après la fresque de Fra Angelico et Luca Signorelli figurant dans la chapelle d' Orvieto). 46,3 x 66 cm, linogravure imprimée sur papier Canson édition 300gr. Mise en couleur à la main, encres. 2011. Cette scène intervient après le jugement dernier : la pesée des âmes par l'archange Saint Michel, d'un côté de la balance, les âmes lourdes iront en enfer, de l'autre côté les âmes légères gagneront le paradis. Ici on peut dire que le côté de la balance a pesé en défaveur des âmes lourdes, les damnés seront torturés par les diables, tout cela est lourd de conséquences...

Lucifer : 22 x 46,5 cm, linogravure imprimée sur papier Canson édition 300gr. Mise en couleur à la main, encres. 2011.
Ou plutôt Lucifer et son double, en effet au moyen âge la mouche représente souvent le diable, en bas à gauche nous la voyons donc...Infime détail qui a son importance. Également les serpents symbolisent la bête de l'Apocalypse, le dragon à sept têtes qui sera vaincu par Saint Michel.

Scriptorium in Babylone : 51 x 65 cm, linogravure imprimée sur papier Canson édition 300gr. Mise en couleur à la main, encres. 2011.
La scène se situe dans une immense bibliothèque qui peut également faire penser aux gravures de prisons de Giovanni Battista Piranesi dit Piranese (publiée en 1750), un squelette penché sur un écritoire rédige un livre dont lui seul connaît le titre. Ce qui est certain c'est que ce n'est pas un roman à l'eau de rose... mais peut-être « le nom de la rose » (film du réalisateur Jean-Jacques Annaud sorti en 1986 d'après le roman d'Umberto Eco publié en 1980).